Super-Castagne : Le Chêne de la Justice

Petit clin d’œil linguistique : En italien, ‘castagna’ veut dire châtaigne. Tout comme Super-Castagne, ce fruit est tanné par les intempéries, nourri d’un feu intérieur que même les pluies acides n’éteignent pas.”

Cycle : Entrez dans le rêve

À la mémoire de Fantax, super-héros français jusqu’au bout des ongles, sacrifié sur l’autel de la censure sans jamais avoir eu droit à un procès.

Châtaignes radioactives et destin national

S’il ne devait exister qu’une seule bonne raison de lire les aventures de Super-Castagne, ce serait celle-ci : c’est du 100% pur jus tricolore. Pas de cape fabriquée en Chine ni de collants cousus dans une banlieue de Gotham. Non. Ici, c’est du héros pur terroir, écrit dans la langue de Molière, armé d’un stylo hexagonal, sur du papier issu de chênes élevés dans le respect de la République et de la chlorophylle.

Prologue bucolico-hallucinogène

Samedi 12 octobre 2024. En quête de quelques nobles châtaignes pour un dîner frugal mais patriote, je m’aventurais en forêt. Hélas, les plus belles avaient déjà été raflées, et seules quelques rescapées malingres jonchaient encore le sol, épargnées par des promeneurs aussi scrupuleux qu’un lobbyiste en campagne.

J’avais perdu la notion du temps, emporté sans m’en rendre compte dans de douces rêveries. Le jour s’éteignait lentement, et ce n’était plus tout à fait le crépuscule mais un instant incertain où la musique de Debussy brouillait les frontières entre réel et souvenir. Un moment volé au monde, glané comme une châtaigne oubliée sous les feuilles.

Le crépuscule tombait comme un rideau sur une pièce trop longue : la lumière s’effaçait au profit d’un ciel noir, angoissant.

C’est alors que la Rêverie de Debussy s’invita dans l’air. Ses notes s’égrenaient telles des feuilles mortes, lentes et paisibles, couvrant les murmures de la forêt d’un voile d’harmonie. 

Je m’étais égaré. Mes pas hésitants zigzaguaient à travers les feuilles mortes, aussi perdu que la ponctuation dans un manuscrit de Céline oublié au fond d’un grenier. Et puis, miracle ! J’atteignis enfin la civilisation : le bord du sentier. Éreinté, transpirant, les poches pleines de châtaignes durement gagnées. Je les dévorai le soir même. Cruelles châtaignes : elles me remercièrent par une gastro de l’espace.

Une nuit agitée (au propre comme au figuré)

La nuit venue, fiévreux, délirant et pris entre deux urgences "biologiques", je sombrai dans un sommeil de fièvre carabinée. Un rêve étrange m’entraîna de nouveau en forêt…

Une voix jaillit : 

Misérable ! Ôte-toi ou je t’écrase comme un vulgaire lombric de supermarché ! 

— Qui me parle ? 

Moi, Erasmuz ! Roi de la Forêt ! Ou du moins, de ce qu’il en reste, car vous, humains, l’avez réduite à un rond-point végétalisé !

— Je… je suis désolé, majesté. Je respecte profondément la nature… 

En m’urinaaaant dessus ?! 

— Oh… oui… bon. J’avais un petit besoin pressant.

Je me réveillai en nage. Direction les toilettes. Une fois de plus. 

Il était 3h du matin quand, à bout de nerfs, j’appelai le médecin de garde. La voix douce de la standardiste me répondit, poliment : — « Aucun médecin ne se déplace dans votre quartier, monsieur. Trop de risques. » Cette voix… Elle semblait tissée d’ambre tiède et de brume lunaire. J’imaginai aussitôt la femme derrière le timbre, une muse en blouse invisible, gardienne des nuits malades. Je songeai même à l’inviter au restaurant. Mais quel être céleste accepterait de dîner avec un homme en pleine confession intestinale ?

 Retour au cauchemar

Replongé malgré moi dans mon rêve, je retrouvai Erasmuz — ou du moins sa version standardiste, avec une poitrine digne d’un clip des années 80. Elle haletait.

— Petit homme, tu as reçu un don de la Nature ! 

— Un don ? Ah bon ? Une gastro exceptionnelle ? 

— Imbécile ! Tu t’es vidé de tout le superflu. Et les châtaignes radioactives t’ont transmis un fluide ancestral ! 

— Genre… comme Spider-Man ? 

— Spider-Man est une légende, andouille. Toi, tu es réel. Français. Constipé ou pas… mais bien réel.

Soudain, sa poitrine se souleva d’indignation. Les escargots (oui, ceux qui rampaient le long de ses attributs) se changèrent en oiseaux et s’envolèrent dans un nuage de plumes patriotiques.

Elle disparut.

Épilogue inattendu

Et me voilà, au pied du lit, affublé d’un casque en forme de demi-châtaigne. Un plumeau tricolore au sommet. Je suis… Super-Castagne. Justicier forestier. Vengeur végétarien. Héros improbable d’une nation qui en a plus que jamais besoin.

Super-Castagne, épisode 2 : Plastoc contre-attaque (ou comment j'ai recyclé ma destinée)

Le réveil fut rude. Mon casque en demi-châtaigne me compressait le crâne comme un sticker “Made in France” trop fier de lui-même. Dans le miroir de la salle de bain, je découvris l’étendue du désastre : un regard hagard, un pyjama flanqué d’une tache de compote suspecte, et un plumeau tricolore qui, à ma grande surprise, s’animait par télékinésie à chaque éternuement. Je n’étais plus un homme… J’étais une arme écologique de destruction durable.

Le lendemain, je sentis un appel. Un appel ancien. Solennel. Dans une ruelle sombre de la ville, des bruits sinistres… des souffles rauques, des froissements d’emballages. Je le vis.

Professeur Plastoc.

Ancien génie du packaging devenu fou après une overdose de sacs à usage unique. Il fondait des canettes, asphyxiait les pigeons, et kidnappait les enfants… pour leur apprendre à ne jamais trier leurs déchets. Son cri de guerre :

“Le plastique, c’est fantastique… et éternel !”

Mon sang de Gaulois bouillonnait dans mes veines. Impossible de rester neutre. Je sortis mon arme secrète : un bâton de randonnée biodégradable gravé à la main par un druide des Cévennes. L’affrontement fut brutal.

Combat de titans (de la récup’)

— T’es vraiment qu’un zélote du compostage, toi… » grogna Plastoc, un verre en plastique dans une main. De l’autre, il me lança une fourchette en polystyrène avec toute la grâce d’un tir de sommation écologique. 

—  Peut-être. Mais je suis le seul ici à trier les déchets par conviction », lançai-je, les yeux brillants de détermination et de sueur.

Le face-à-face eut lieu devant les bacs multicolores du square municipal. Autour, quelques pigeons interrompirent leur festin de morceaux de croissant jetés à terre par des passants peu scrupuleux. Plastoc brandit un couvercle de yaourt comme une dague. Je ripostai avec mon arme maison : une pince de ramassage piquée à la mairie lors de la Semaine verte.

La bataille dura plus d'une heure — jusqu'à ce que la police municipale intervienne, alertée par les cris et les jets de capsules Nespresso.

Plastoc fut verbalisé pour “usage offensif de plastique à usage unique”. Quant à moi, je fus décoré d’un badge “Éco-citoyen du mois” par l’adjointe au développement durable.

Conclusion écologique (et un peu débile)

Plastoc fut enfermé dans une boîte en carton compostable. Les passants acclamèrent mon nom, confondant probablement ma silhouette avec un déguisement d’Halloween. Mais peu importe. J’avais gagné. J’étais Super-Castagne. Protecteur des forêts, vengeur des vers de terre, cauchemar des emballages.

Super-Castagne, épisode 3 : Le Crépuscule du Ciment (ou le cauchemar de Monsieur Béton)

Tout allait pour le mieux dans mon quartier compostable. Les oiseaux recyclaient leurs chants, les feuilles mortes s’échangeaient des secrets biodégradables. Quand soudain… un grondement sourd… Des toupies de béton. Des rouleaux compresseurs. Des grues colossales.

Sur le panneau :

"Projet Béton Horizon 3000 : Résidence sécurisée, pelouse synthétique et parking sur sol vivant."

Mon sang ne fit qu’un tour dans mon costume en fibres de chanvre.

Naissance d’un ennemi dur… comme béton.

Monsieur Béton, ancien urbaniste reconverti en saboteur de biodiversité, apparaissait, cigarette électronique à la bouche, costume trois pièces couleur bitume. Son plan : recouvrir la forêt d’un centre commercial avec spa, bowling, galerie d’art conceptuel et… distributeur de croissants et de boissons peu recommandés pour une alimentation équilibrée

“La nature est ringarde ! Vive le design durablement moche !” cria-t-il, en posant une dalle sur une taupinière en pleurs.

Une résistance enracinée

Ni une, ni deux, j’activai mon pouvoir ultime : l’invocation du Grand Compost. Des vers de terre géants sortirent du sol, brandissant des pancartes :

“Non au bétonnage, oui aux glands”.

J’appelai mon fidèle destrier : Cyclo-Rustique 2000, vélo électrique à assistance citoyenne, et fonçai vers la zone à défendre.

Combat titanesque sur fond de gravillons. Monsieur Béton lança des blocs de parpaings, je répondis par des bombes de graines, il bétonnait, je replantais ! Il râlait, je compostais !

L’arme finale : le syndrome du rond-point

Mais je le savais vulnérable.

Je lançai ma plus terrible attaque : le PowerPoint de la démocratie participative. 83 pages de débats publics, de normes d’urbanisme, de recours citoyens et de pétitions en ligne. Sa résistance flancha dès la diapo 12. Enfin, il s’écroula sur le sol encore fumant de béton

 Épilogue : victoire à l’ombre d’un chêne

Le chantier fut arrêté. Les arbres dansèrent une farandole chlorophyllée. Je posai une dalle en pierre pour la mémoire :

"Ici s’arrêtèrent les travaux, grâce à Super-Castagne et sa brigade lombrico-fantastique."

Mais alors que je rentrais chez moi, mon casque-châtaigne toujours vissé au crâne… une vibration. Tout juste échappé d’une coopérative agricole, Captain Glypho pulvérise désormais des roses sans la moindre vergogne.

Super-Castagne, Épisode 4 — Le Retour du Bzzz

Glypho avançait, son vaporisateur à la main, tel un croisé du détergent, prêt à dissoudre l'âme végétale de la ville. Même les orties baissaient les bras.

Mais ce qu’il ignorait, c’est que la nature a plus d’un bourgeon dans son sac…

L'embuscade du miel militant

Au détour d’un buisson de lavande résistante, une escouade d'abeilles anarchistes fit irruption. Armées de miel ultra-collant (issu d’une coopérative apicole en autogestion), elles enveloppèrent Glypho dans une gangue sucrée — une apithérapie punitive (utilisation douloureuse  du venin d’abeille).

La lente déchéance

Son vaporisateur se vida, son imperméable glissa, et il tomba sur un tapis de pâquerettes moqueuses. Un escargot syndiqué vint tamponner son front d’un cachet de retrait de permis phytosanitaire. Il tenta de s’enfuir... mais glissa sur une feuille de rhubarbe.

Le recyclage final

Glypho fut réintégré de force dans le programme “Reconvertir les nuisibles” — affecté au nettoyage des composteurs publics, sans détergent, juste vinaigre blanc et bonne volonté.

Épilogue chlorophyllé

La ville célébra sa libération avec un bal en bottes de caoutchouc. Une plaque fut posée :

“À Captain Glypho, qui voulut aseptiser le monde, mais oublia qu’une rose vaut mille lingettes.”

Super-Castagne, Chapitre Final : Le Dernier Compost

Le soleil d’automne caressait doucement le quartier compostable. Les balcons croulaient sous les aromates en pot, les enfants faisaient des concours de cabanes en palettes, et les merles composaient des haïkus en sifflant.

Sous un vieux chêne, rugueux comme la mémoire, Super-Castagne méditait. Les rires de lombrics, loin derrière lui, laissaient place au silence. Dans sa main, son carnet des failles, comme une graine d’humilité.

Rayélionne : Ce souffle d’énergie éolienne, fougueux mais fantasque.

“Quand le vent dort, je ne suis qu’un soupir dans une capuche.” Il se souvenait du jour où un bétonneur l’avait défié sous un ciel vide — pas un souffle, juste l’écho de son impuissance.

Raypanesolaire : L’insurrection lumineuse contre les ténèbres

“Par temps couvert, je suis une batterie vide dans un monde trop chargé.” Ce matin-là, le rayon clignota faiblement, comme une LED oubliée sous la pluie

Si le béton semblait vaincu, le glyphosate reflué, une nouvelle menace rampait… subtile et sourde : la résignation.

Mais les saisons ne tiennent pas leurs promesses. L’automne fut d’abord une bénédiction — feuilles rousses, cafés dehors, composteurs débordants d’enthousiasme.

Puis, doucement, quelque chose se ternit. Pas de mistral pour soulever les convictions. Juste une humidité tiède où fermentait la résignation.

Et quand le conseil municipal proposa “quelques bancs, deux arbres… et une route”, personne ne protesta. Certains hochèrent même la tête : “Pratique, non ?”

Alors Super-Castagne comprit. Le béton avait changé de forme. Il rampait en powerpoint, s'infiltrait dans les bulletins de vote, prenait l’allure du compromis raisonnable.

Super-Castagne se releva. Il fit face à la foule, aux experts.. Il parla d’humus, de racines, de la mémoire des sols. Mais les regards glissaient, comme l’eau sur une dalle.

Super Castagne : la dernière baston

Il s'appelait Super Castagne. Mi-justicier éco-convaincu, mi-bouteille de gaz sous pression. Sa mission ? Sauver la planète avec des pouvoirs renouvelables… mais pas toujours fiables.

Il tirait sa force des rafales de vent : un souffle de mistral et le voilà capable de tordre un lampadaire.

Il se rechargeait à la lumière du soleil, torse nu, bronzant comme un photovoltai-ranger.

Il portait une cape en panneau solaire souple, et ses bottes vrombissaient avec le vent.

Mais voilà.

Le jour de trop peu

Ce matin-là, le ciel était gris. Pas de soleil. Le vent s'était calmé comme un débat après la pub. Super Castagne resta planté là, bras ballants, à moitié déchargé, clignotant comme une appli mal codée.

Il tenta d’invoquer son "Coup de Mistral" : rien. Il leva les bras pour le "Rayon Ultra-Soleil" : néant, hormis un coup de froid.

La chute de l'idole (et de quelques oiseaux)

En voulant s’envoler pour attraper un sac plastique dans les arbres, il activa malencontreusement ses pales dorsales, prototype d’éolienne personnelle. Deux pigeons et une mésange tombèrent en spirale. Des cris s’élevèrent. Une association ornithologique porta plainte.

Le dernier combat

Dans un parking de supermarché, Super Castagne tenta une dernière fois d’arrêter ThermosMan, son ennemi fossile, en lui lançant un frisbee biodégradable. Mais sans soleil, sans vent, sans jus — il trébucha sur une barquette de houmous recyclable.

ThermosMan lui lança, hilare :

« Fallait peut-être penser à te brancher sur du nucléaire, coco. »

Il ôta son casque-châtaigne, planta sa cape sous le chêne. Puis, en silence, s’enfonça dans la terre — pas comme une fuite, mais comme une semence.

Et le printemps suivant, un arbuste étrange poussa à cet endroit. Ses feuilles ressemblaient à des slogans, et ses racines tapaient du pied. Il ne parlait pas, mais les enfants l’appelaient “le Castagnier résistant”.

Une plaque discrète :

“Super-Castagne est mort. Mais la vie qu’il a défendue respire encore.”

Ci-gît Castagne, gardien du sol vivant, Dont chaque mot semait un rêve résistant. Son cœur compostait l’espoir et les regrets, Ses bras plantaient des fleurs là où l’on bétonnait.

Face au glyphosate, il tenait bon la sève, Et même sans soleil, sa lutte fut sans trêve. Le vent s'est tu, la cape n’a plus volé, Mais dans chaque racine, son nom est enrôlé.


Antoine Le 5 Juillet 2025

Vous voulez connaitre la véritable histoire de Fantax
mais aussi les véritables origines de Super-Castagne ! C'est ici : Super Castagne : Sous la bogue, la braise (les origines)

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