Le voyage silencieux d’un solidus : chronique d’une survie millénaire
Le vent souffle sur la colline de Tuida, mais sous la terre, le silence règne depuis des siècles. Là, dans l’obscurité, une pièce d’or repose, oubliée de tous. Elle fut frappée du sceau de Justin II, empereur de Byzance, alors que l’Empire vacillait entre gloire et menaces. Mais comment ce fragile témoin d’un autre temps a-t-il traversé les siècles sans perdre son éclat ?
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Fiction historique, Récit archéologique |
L’or, gardien de l’éternité
Dès sa création, le solidus de Justin II bénéficie d’un atout inestimable : sa matière. L’or, métal noble, ne craint ni la rouille ni la morsure du temps. Sa pureté, proche de 24 carats, le protège de l’oxydation et des altérations qui rongent d’autres métaux. Bien que la norme théorique soit de 1 000 millièmes, certaines émissions byzantines présentent de légères variations, entre 995 et 998 ‰, selon l’atelier de frappe et les pratiques de l’époque. Ainsi, même enfouie dans la terre, la pièce conserve son éclat, sa gravure, son histoire.
L’ensevelissement providentiel
Un jour de tumulte, peut-être lors d’un siège ou d’une fuite précipitée, la pièce est perdue ou cachée dans la forteresse de Tuida. Le sol, loin d’être un tombeau, devient un écrin protecteur. À l’abri de la lumière, des mains avides et des flammes de la refonte, le solidus échappe aux aléas de l’histoire. La qualité de cette conservation dépend fortement de la nature chimique du sol : son pH, sa teneur en argile ou en oxydes de fer peuvent favoriser la formation d’une patine minérale, scellant la pièce contre l’humidité et les agressions extérieures.
Les siècles passent, la pièce attend
Les empires s’effondrent, les peuples se succèdent, mais la pièce demeure, immobile. Sa valeur, immense à l’époque, la préserve d’une circulation banale : on ne la dépense pas à la légère, on la cache, on la conserve. C’est ainsi qu’elle échappe à la fonte, destinée de tant d’autres monnaies anciennes lors des crises ou des réformes monétaires.
La redécouverte : un miracle de conservation
Lorsque les archéologues la retrouvent, plus de 1 400 ans plus tard, la pièce est presque intacte. Son portrait impérial, ses inscriptions latines, sa patine dorée témoignent de la qualité de sa fabrication et de la bienveillance du temps. Les experts, émerveillés, notent l’absence d’usure, la netteté des motifs, la beauté du flan.
Un trésor pour la science et la mémoire
Ce solidus n’est pas qu’un objet précieux : il est un message venu du passé, un fragment d’histoire sauvé par la nature. Sa survie exceptionnelle éclaire les routes du commerce, les peurs et les espoirs d’une époque troublée, et rappelle que, parfois, le hasard et la matière conjuguent leurs forces pour offrir à l’humanité un éclat d’éternité.
Première partie : Le Solidus doré de Tuida : Chronique d’une découverte byzantine
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