Le Solidus doré de Tuida : Chronique d’une découverte byzantine

 « Quand un simple éclat d’or révèle l’écho des empires disparus, chaque fouille devient voyage dans le temps. »

L’or de Justin II : Chronique d’une découverte à Tuida

Le soleil se levait à peine sur la colline de Hisarlaka, enveloppant la forteresse de Tuida d’une lumière dorée. Les archéologues, déjà à l’œuvre, fouillaient les couches de terre, témoins silencieux de siècles d’histoire. Soudain, un éclat insolite attira l’attention d’un jeune chercheur. Il s’agenouilla, gratta délicatement la terre, et découvrit ce que personne n’osait espérer : une pièce d’or, intacte, brillant comme au premier jour.

Fiction historique, Récit archéologique

Ce n’était pas n’importe quelle monnaie. Après l’identification initiale à Justinien I, puis le nettoyage minutieux et l’expertise des conservateurs du musée régional de Sliven, le verdict tomba : il s’agissait d’un light solidus frappé sous le règne de l’empereur byzantin Justin II, qui régna de 565 à 578 de notre ère. Sur l’avers, le buste de l’empereur, tenant un globe surmonté de la déesse Victoria, symbole de victoire. L’inscription latine proclamait : D N IVSTINVS P P AVG (Dominus Noster Justinus Perpetuus Augustus – « Notre Seigneur Justin, Toujours Auguste »). Au revers, la mention VICTORIA AVGGG ΘS confirmait l’authenticité et la rareté de la pièce, probablement frappée à Theupolis, l’ancienne Antioche, aujourd’hui Antakya en Turquie. 

La forteresse de Tuida, perchée sur les contreforts des Balkans, n’était pas un simple bastion. Construite à l’époque romaine, reconstruite par les Byzantins, elle fut un point stratégique, gardant les routes et repoussant les invasions. À travers les siècles, elle vit défiler légions, marchands, et conquérants. Trouver une telle pièce ici, c’était comme entendre un écho du passé, un message doré traversant les âges.

Ce solidus n’était que le quatrième exemplaire d’or exhumé sur le site, mais il se distinguait par sa rareté et son état de conservation exceptionnel. Il témoignait de la prospérité relative de la région sous Justin II, mais aussi des troubles de l’époque : pressions des Sassanides à l’est, menaces lombardes à l’ouest, et instabilité au sommet de l’Empire. L’empereur, neveu de Justinien, connut une fin de règne difficile, marqué par la maladie et la prise de pouvoir de son épouse Sophie et du général Tibère.

Pour les archéologues, cette découverte n’était pas qu’un trésor matériel. Elle enrichissait la compréhension de l’économie byzantine, des réseaux de circulation monétaire, et du rôle de Tuida comme nœud défensif et administratif. Pour les habitants de Sliven, c’était un fragment de leur héritage, une preuve tangible que leur terre fut, jadis, au cœur de l’histoire impériale.

Ainsi, la pièce d’or de Justin II, sortie de l’ombre après plus de 1400 ans, continue de raconter, en silence, la grandeur et les tourments d’un empire disparu, et la persévérance de ceux qui cherchent à en percer les mystères.

Seconde partie : L’éclat immortel du solidus : chronique d’une survie millénaire

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