Gerda Taro et Robert Capa : Une histoire d'amour et de photographie au cœur de la guerre civile espagnole

 Gerda Taro, de son vrai nom Gerta Pohorylle, est née en 1910 à Stuttgart, en Allemagne, dans une famille juive d’origine galicienne (région alors située en Autriche-Hongrie, aujourd’hui partagée entre la Pologne et l’Ukraine). Elle a grandi à Stuttgart, où elle s’engage très tôt dans des activités politiques de gauche, dénonçant la montée du nazisme. En 1933, avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, elle est arrêtée pour ses activités antifascistes. À sa libération, elle fuit l’Allemagne pour s’installer à Paris, où elle fait la connaissance d’un jeune photographe hongrois, Endre Friedmann.


La rencontre avec Robert Capa : naissance d’une collaboration légendaire

Endre Friedmann, qui deviendra mondialement connu sous le nom de Robert Capa, rencontre Gerta à Paris en 1934. À cette époque, Paris est un foyer d’intellectuels, d’artistes et de réfugiés politiques. Les deux jeunes exilés tombent amoureux et décident de travailler ensemble. Gerda se forme à la photographie avec Friedmann, mais elle développe rapidement son propre style et son indépendance.

C’est surtout Gerda qui a l’idée de créer un personnage fictif, Robert Capa, un photographe américain réputé, pour mieux vendre leurs photos. Elle joue un rôle clé dans ce stratagème et dans la transformation de Friedmann en Capa. La ruse fonctionne, et les photos se vendent bien, propulsant le duo sur le devant de la scène.

C’est dans ce contexte que Gerda adopte le nom de Gerda Taro. Sous cette identité, elle devient l’une des premières femmes photographes de guerre. Leur relation n’est pas seulement romantique mais aussi créative. Ensemble, ils partent couvrir la Guerre civile espagnole en 1936, déterminés à utiliser leurs talents pour exposer les réalités brutales du conflit.

La guerre civile espagnole : témoins de l’horreur

En Espagne, Gerda Taro et Robert Capa se trouvent rapidement au cœur des combats. Ils parcourent les lignes de front, armés de leurs appareils photo, capturant des images poignantes de la lutte républicaine contre les forces fascistes de Franco. C’est dans ce contexte que Robert Capa prend l’une des photos les plus emblématiques de la guerre, “The Falling Soldier,” bien que la controverse sur son authenticité persiste encore aujourd’hui. Gerda Taro, quant à elle, contribue à la carrière de Capa et à la promotion de leurs travaux communs, mais elle n’est pas l’auteure de cette photo.

Gerda se forge une réputation en tant que photographe courageuse et intrépide. Ses photos sont publiées dans de grands journaux internationaux, et elle devient une figure respectée parmi ses pairs. Elle se distingue non seulement par son talent mais aussi par son engagement personnel pour la cause républicaine.

La tragique fin de Gerda Taro

Le 25 juillet 1937, en couvrant la retraite des troupes républicaines lors de la bataille de Brunete, près de Madrid, Gerda Taro est mortellement blessée. Les circonstances exactes de l’accident restent sujettes à débat : selon plusieurs témoignages, elle a été blessée en tentant de monter sur un véhicule transportant des blessés, qui est entré en collision avec un char républicain dans la confusion. Transportée d’urgence à l’hôpital, elle succombe à ses blessures le lendemain, à l’âge de 26 ans. Sa mort choque le monde de la photographie et du journalisme, et elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise à Paris, où une grande foule vient lui rendre hommage.

Robert Capa est dévasté par la perte de Gerda. Leur histoire d’amour, bien que brève, a laissé une empreinte indélébile sur lui et sur le monde de la photographie. Capa continue à couvrir des conflits dans le monde entier, devenant l’un des photographes de guerre les plus célèbres de tous les temps. Mais il ne cessera jamais de porter le souvenir de Gerda avec lui.

L’héritage de Gerda Taro et Robert Capa

Gerda Taro est aujourd’hui reconnue comme une pionnière de la photographie de guerre. Son travail, longtemps éclipsé par celui de Capa, est désormais redécouvert et célébré pour sa force et son humanité. Quant à Robert Capa, il reste une légende, ayant capturé certaines des images les plus marquantes du XXe siècle.

Leur histoire, au-delà de leur talent et de leur bravoure, est celle d’une passion commune pour la vérité et la justice, racontée à travers l’objectif de leurs appareils photo. Ensemble, ils ont changé la manière dont la guerre est représentée, laissant un héritage qui continue d’inspirer les photographes du monde entier.


Commentaires