William McKinley : Portrait d’un président et de sa politique
William McKinley, 25e président des États-Unis de 1897 à 1901, incarne une figure clé du tournant du XIXe au XXe siècle américain. Sa trajectoire, ses idées et ses choix politiques ont profondément marqué la nation, tant sur le plan intérieur qu’international.
Un parcours forgé par la guerre et la politique
Né en 1843 dans l’Ohio, McKinley s’engage jeune dans l’armée de l’Union pendant la guerre de Sécession, où il gravit les échelons jusqu’au grade de brevet major. Après le conflit, il devient avocat à Canton, Ohio, et s’investit dans la vie politique locale. Élu au Congrès en 1876, il se distingue rapidement comme spécialiste des questions tarifaires et ardent défenseur du protectionnisme.
Le protectionnisme et ses conséquences
McKinley croit fermement que la prospérité américaine passe par la protection de l’industrie nationale. Il est l’architecte du McKinley Tariff de 1890, qui relève fortement les droits de douane sur les produits importés afin de protéger les secteurs clés comme l’acier, le textile ou l’étain. Bien que bénéfique pour certains industriels, cette politique provoque une flambée des prix qui mécontente de nombreux consommateurs et contribue à la défaite des républicains aux élections de mi-mandat de 1890 et à la présidentielle de 1892. McKinley lui-même perd son siège au Congrès à cause d’un redécoupage électoral, mais il rebondit rapidement en devenant gouverneur de l’Ohio. Ce revers politique met en lumière les limites et les effets ambivalents du protectionnisme à cette époque.
La campagne de 1896 : la bataille de l’étalon-or, le rôle du financement et l’innovation politique
En 1896, alors que le pays sort difficilement du Panic de 1893, McKinley remporte facilement l’investiture républicaine. Sa campagne, menée depuis sa maison de Canton lors de la célèbre « front porch campaign », s’oppose frontalement à celle du démocrate William Jennings Bryan. McKinley défend le maintien du pays sur l’étalon-or, symbole de stabilité monétaire, et promet que des tarifs élevés relanceront l’économie et l’emploi.
Un élément déterminant de cette campagne est le soutien massif des milieux d’affaires, orchestré par son conseiller Marcus Hanna. Grâce à une organisation moderne et à des ressources financières considérables, la campagne de McKinley devient l’une des plus efficaces et innovantes de l’histoire américaine. Pour la première fois, des fonds privés sont utilisés à grande échelle pour organiser une campagne d’éducation politique à travers tout le pays, marquant un tournant dans la façon de mener les élections présidentielles. Cette stratégie contribue largement à sa victoire sur Bryan, partisan du bimétallisme et du free silver.
Expansion internationale, guerre hispano-américaine et guerre américano-philippine
À la Maison-Blanche, McKinley poursuit sa politique de protectionnisme avec le Dingley Tariff de 1897, la plus élevée de l’histoire américaine à l’époque, et fait adopter le Gold Standard Act en 1900, qui ancre définitivement la monnaie sur l’or. Ces mesures contribuent à une reprise économique rapide et à la modernisation du pays, d’autant plus que l’afflux d’or du Klondike atténue la hausse du coût de la vie.
Sur le plan international, McKinley engage les États-Unis dans la guerre hispano-américaine de 1898, qui se solde par une victoire rapide et l’acquisition de nouveaux territoires : Porto Rico, Guam, les Philippines et l’annexion de Hawaï (devenue officiellement territoire américain en 1900). Cuba, quant à elle, n’est pas annexée, mais placée sous contrôle militaire américain avant d’obtenir une indépendance sous tutelle.
Cependant, cette politique expansionniste suscite de vifs débats au sein de la société américaine. L’Anti-Imperialist League critique vivement l’annexion des Philippines, dénonçant ce qu’elle considère comme une dérive impérialiste, contraire aux principes fondateurs du pays. La résistance philippine à l’occupation américaine donne lieu à la guerre américano-philippine, un conflit long et sanglant qui dure de 1899 à 1902, faisant des dizaines de milliers de victimes et marquant durablement l’opinion publique américaine et internationale.
Un héritage durable, poursuivi par Roosevelt
Réélu en 1900, McKinley ne termine pas son second mandat, assassiné en 1901. Son successeur, Theodore Roosevelt, joue un rôle clé dans l’affirmation de la puissance américaine sur la scène mondiale, poursuivant et amplifiant l’œuvre de McKinley. L’héritage de McKinley est celui d’un président pragmatique, attaché à la stabilité monétaire, au développement industriel et à l’expansion internationale. Sa présidence marque le début de l’ère moderne des États-Unis, mais c’est sous Roosevelt que cette dynamique s’affirme pleinement.
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| William McKinley par Courtney Art Studio, 1896 | 

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