Napoléon visé par la machine infernale : récit de l’attentat de la rue Saint-Nicaise

Comment Napoléon a-t-il été visé par l’attentat de la rue Saint-Nicaise ?

Le 24 décembre 1800, Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, échappe de justesse à une tentative d’assassinat organisée par un petit groupe de royalistes issus de la chouannerie, c’est-à-dire des insurgés monarchistes bretons et vendéens. Connu sous le nom de « conspiration de la machine infernale », cet attentat se déroule alors que Napoléon se rend à l’Opéra à Paris, en traversant la rue Saint-Nicaise, près du Louvre.

Le mode opératoire de l’attentat

Les conspirateurs, notamment Pierre Robinault de Saint-Réjant, Joseph Pierre Picot de Limoëlan et Carbon, conçoivent une bombe artisanale, baptisée « machine infernale » : un grand tonneau rempli de 90 kilos de poudre à canon, de balles et de projectiles divers, dissimulé sur une charrette.

La charrette est placée stratégiquement sur le parcours que doit emprunter le carrosse de Napoléon. Limoëlan, posté en observateur, devait signaler à Saint-Réjant le moment exact où allumer la mèche afin que la bombe explose au passage du Premier Consul.

Cependant, la rapidité du cortège et une certaine confusion sur place font que le signal est donné trop tard. La mèche est allumée alors que le carrosse de Napoléon vient tout juste de passer, ce qui lui permet d’échapper de peu à l’explosion.

L’enquête : la pression de Napoléon et la révélation des coupables

L’explosion est d’une violence extrême : elle tue 22 personnes, en blesse une centaine et détruit ou endommage plusieurs maisons de la rue Saint-Nicaise.

Joseph Fouché, ministre de la Police, est immédiatement chargé de l’enquête. Sous la pression de Napoléon, persuadé que les jacobins étaient responsables, Fouché procède à des arrestations rapides : 122 suspects jacobins sont déportés sans preuves suffisantes.

Cependant, en approfondissant ses investigations, Fouché découvre que les véritables coupables ne sont pas les jacobins, mais bien des royalistes, agissant en petit groupe et liés à la chouannerie. Ces individus ont joué un rôle clé dans la planification et l’exécution de l’attentat, mais il ne s’agissait pas d’une mobilisation générale des chouans.

Face à cette nouvelle révélation, Napoléon ajuste sa politique sécuritaire et dirige désormais la répression contre les royalistes et les chouans impliqués, considérés comme une menace directe pour son pouvoir.

Conséquences immédiates et réactions politiques

Les vitres du carrosse de Napoléon sont brisées, mais il n’est pas blessé. Il poursuit même sa route jusqu’à l’Opéra, où il assiste à la représentation comme prévu, impassible malgré l’attentat. Selon certains témoignages, son épouse Joséphine et sa belle-fille Hortense, voyageant dans une autre voiture, auraient été légèrement blessées par l’explosion.

Napoléon, désormais convaincu de la dangerosité des royalistes, renforce la répression contre ses opposants et adopte des mesures de surveillance accrues. Les principaux coupables, dont Saint-Réjant et Carbon, sont rapidement arrêtés et exécutés, tandis que Limoëlan parvient à s’enfuir et ne sera jamais arrêté.

Un attentat spectaculaire et précurseur

L’attentat de la rue Saint-Nicaise est souvent considéré comme l’un des premiers attentats à la bombe de l’histoire moderne, illustrant la volonté des royalistes et de certains chouans de frapper Napoléon de manière spectaculaire et meurtrière.

Cet événement, bien que manqué, révèle la fragilité du pouvoir consulaire et justifie les mesures répressives de Napoléon pour asseoir son autorité sur la France.

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