Le secret des statues brisées : une fiction ancrée dans la réalité
Prologue
Sous le soleil brûlant de Louxor, le vent soulève la poussière autour du temple majestueux de Deir el-Bahari. Jun Yi Wong, jeune égyptologue de l’Université de Toronto, s’arrête devant une fosse béante, connue des archéologues anglophones sous le nom de “Hatshepsut Hole”. Il tient dans ses mains un carnet jauni, vestige des fouilles menées un siècle plus tôt. Ce jour-là, il ne sait pas encore qu’il va bouleverser l’histoire.
![]() |
| Fiction historique, Archéologique |
Chapitre 1 : Les fragments du passé
Dans les années 1920, des archéologues du Metropolitan Museum of Art découvrent des milliers de fragments de statues : bras, têtes, jambes, trônes, sphinx. À première vue, tout semble indiquer un acte de vandalisme posthume, une vengeance orchestrée par Thoutmôsis III, le successeur d’Hatchepsout, pour effacer la mémoire de la femme-pharaon.
Mais Jun Yi Wong, penché sur les notes, croquis et photographies d’époque, remarque un détail troublant : plusieurs statues ont été retrouvées presque intactes, leurs visages préservés, comme si la main destructrice avait hésité à effacer totalement l’identité de la reine.
Chapitre 2 : Le rituel oublié
En étudiant les cassures, Jun Yi Wong comprend que les statues n’ont pas été brisées au hasard. Les points faibles – cou, taille, genoux – ont été visés, et certains symboles royaux, comme l’uræus, arrachés. Ce procédé, appelé « désactivation », visait à priver les effigies de leur pouvoir symbolique, un rituel appliqué à de nombreux rois d’Égypte, pas seulement à Hatchepsout.
Jun Yi Wong lève les yeux vers les falaises. Il imagine les prêtres, il y a 3 500 ans, accomplissant ce geste codifié, non par haine, mais pour accompagner la transition d’un règne, ou pour réutiliser la pierre dans de nouvelles constructions. Certaines études archéologiques suggèrent d’ailleurs que des fragments de statues ou de blocs provenant du temple d’Hatchepsout ont pu être réutilisés lors de la construction ou de la restauration du temple de Thoutmôsis III, perpétuant ainsi la mémoire de la reine dans la pierre de son successeur. Cette possibilité, appuyée par des indices matériels, reste toutefois une hypothèse et non une certitude.
Chapitre 3 : La mémoire réhabilitée
Dans la lumière dorée du crépuscule, Jun Yi Wong rassemble les fragments, non seulement de pierre, mais aussi d’histoire. Il comprend que la destruction des statues d’Hatchepsout n’est pas seulement le fruit d’une persécution politique, mais le résultat d’un enchaînement complexe : déplacement, désactivation rituelle, possible recyclage, abandon.
Il écrit dans son carnet :
« Contrairement à d’autres souverains, Hatchepsout a bien subi un programme de persécution, mais il est possible d’adopter une vision plus nuancée des actions de Thoutmôsis III, dictées peut-être par des nécessités rituelles plutôt que par une animosité pure. »
Épilogue
Le vent souffle à nouveau sur Deir el-Bahari. Grâce à l’égyptologue de Toronto, les statues brisées d’Hatchepsout racontent désormais une histoire plus riche, où la mémoire, la politique et le sacré s’entremêlent. La reine-pharaon, longtemps effacée, retrouve une place dans l’histoire, non comme victime d’une simple vengeance, mais comme figure d’un rituel millénaire.

Commentaires
Enregistrer un commentaire