La Convention républicaine de 1896 : un tournant décisif dans l’histoire politique des États-Unis

En juin 1896, alors que les États-Unis sortent lentement d’une grave crise économique, Saint-Louis accueille la Convention nationale du Parti républicain. Cet événement, loin d’être un simple rituel électoral, s’inscrit dans un contexte de profondes tensions économiques et sociales et prépare le terrain à un tournant majeur de l’histoire américaine.


Un pays en crise et une question monétaire brûlante

À la veille de l’élection présidentielle de 1896, l’Amérique porte encore les séquelles du Panic de 1893 : chômage, grèves et pauvreté divisent la société. Si des signes de reprise économique apparaissent, la question monétaire domine les débats. Deux camps s’opposent : les partisans de l’étalon-or, symbole de stabilité, et ceux qui prônent le bimétallisme (or et argent), espérant relancer l’économie par une inflation contrôlée favorable aux agriculteurs et aux travailleurs.

La Convention de Saint-Louis : le choix de la stabilité

C’est dans ce contexte incertain que la Convention républicaine s’ouvre à Saint-Louis. L’ancien gouverneur de l’Ohio, William McKinley, s’impose dès le premier tour comme candidat à la présidence, incarnant la stabilité et le conservatisme. Son colistier, Garret Hobart, est choisi pour la vice-présidence.

La plateforme républicaine de 1896 met l’accent sur :

La défense stricte de l’étalon-or

Le protectionnisme économique

L’expansion du commerce international et de la marine

Contrairement à ce qui a parfois été évoqué, le parti ne laisse pas véritablement de place à un compromis sur le bimétallisme, affirmant clairement son attachement à l’étalon-or.

Un affrontement décisif et ses conséquences

Face à McKinley, le démocrate William Jennings Bryan se distingue par son célèbre discours sur la « croix d’or », plaidant pour le bimétallisme et incarnant l’Amérique rurale et contestataire. La victoire de McKinley à l’élection présidentielle de novembre 1896 marque le début d’une période de domination républicaine sur la Maison-Blanche, ponctuée par l’adoption formelle de l’étalon-or en 1900 avec le Gold Standard Act. Bien que cette loi ait consolidé la politique monétaire du pays, le débat autour du bimétallisme ne disparaît pas immédiatement et continue d’animer certains cercles politiques et économiques.

Un héritage politique et économique durable

La Convention républicaine de 1896 n’est pas un simple épisode électoral : elle cristallise les tensions entre élites industrielles et classes populaires, et oriente durablement la politique économique du pays. Elle pose aussi une question essentielle : comment une nation choisit-elle sa voie en temps de crise ? Faut-il miser sur la prudence ou sur l’audace, sur la continuité ou sur la rupture ?

Aujourd’hui encore, l’ombre de ces débats plane sur les décisions politiques : si la question de l’étalon-or appartient à l’histoire, les choix monétaires et économiques restent au cœur des grandes orientations du pays. L’histoire de 1896 nous rappelle que les grands choix collectifs naissent dans l’incertitude et le débat, et invite chaque citoyen à la responsabilité et à l’engagement démocratique.

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