Fata Morgana : la résurrection d’un chef-d’œuvre

 Un chef-d'œuvre retrouvé : la fiction d'une acquisition historique

Prologue

Dans la lumière tamisée d’une salle de réunion du Musée d’Art de Cleveland, l’atmosphère est électrique. Les conservateurs, les experts et le directeur William Griswold retiennent leur souffle. Un simple coup de fil, un accord final, et l’histoire de l’art s’apprête à basculer. Ce jour-là, le musée s’apprête à accueillir un trésor oublié : la Fata Morgana de Giambologna, la dernière sculpture en marbre de l’artiste encore détenue par des mains privées.

Fiction documentaire, Sculpture

Chapitre 1 : Le voyage d’une œuvre

Tout commence dans la Florence du XVIe siècle. Bernardo Vecchietti, banquier influent et conseiller des Médicis, commande à Giambologna une sculpture pour orner la grotte de sa villa, Il Riposo. L’artiste, maître du maniérisme, façonne dans le marbre de Carrare une figure féminine d’une grâce envoûtante : la Fata Morgana, inspirée de la fée des légendes arthuriennes, symbole de jeunesse éternelle. La statue, décrite en 1584 par le poète Raffaello Borghini, trône alors au-dessus d’un bassin, une main sur la poitrine, l’autre tenant un coquillage d’où jaillit l’eau, créant l’illusion du vif-argent.

Chapitre 2 : Les siècles d’oubli

La Fata Morgana reste deux siècles dans la famille Vecchietti, puis quitte l’Italie en 1775, vendue par l’artiste et marchand anglais Thomas Patch à un mystérieux gentleman anglais. Au fil des générations, l’œuvre tombe dans l’oubli, mal attribuée, reléguée au rang de simple “Vénus Marina” dans les inventaires britanniques. Ce n’est qu’en 1989, lors d’une vente aux enchères à Londres, qu’une experte, Patricia Wengraf, reconnaît la main de Giambologna et acquiert la sculpture pour une somme bien supérieure à son estimation initiale.

Chapitre 3 : La renaissance à Cleveland

Des années plus tard, la Fata Morgana refait surface, toujours auréolée de mystère. Grâce à la ténacité de Wengraf et à la vision du Musée d’Art de Cleveland, l’œuvre rejoint enfin une institution publique. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, un musée acquiert un marbre de Giambologna, rejoignant ainsi les rares exemplaires conservés à Los Angeles et à Londres. À Cleveland, la Fata Morgana s’apprête à trôner dans la galerie de la Renaissance italienne, exposée dès le 30 août, dans un décor évoquant la grotte originelle de la villa florentine.

Épilogue

Dans la salle 117B, les visiteurs découvrent la Fata Morgana, chef-d’œuvre du maniérisme, témoin du génie de Giambologna et de l’histoire mouvementée de l’art européen. Le musée, par cette acquisition, offre à tous la magie d’une œuvre qui, longtemps cachée, retrouve enfin la lumière.

La Fata Morgana est l’une des douze sculptures en marbre réalisées par Giambologna, et la seule à avoir été détenue en mains privées jusqu’en 2025.

Elle a été commandée dans les années 1570 par Bernardo Vecchietti pour sa villa près de Florence.

L’œuvre a été exposée dans une grotte artificielle, conçue pour magnifier l’alliance de l’art et de la nature.

Après un long exil en Angleterre et une identification erronée, elle a été reconnue et acquise par le Musée d’Art de Cleveland, où elle sera exposée à partir du 30 août 2025.

Il serait difficile d’exagérer l’importance de l’acquisition de la Fata Morgana de Giambologna par rapport au récit de l’histoire de l’art que nous sommes en mesure de faire au Cleveland Museum of Art.William Griswold, directeur du musée

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