Beamish, le musée vivant : immersion dans la Grande-Bretagne des années 1950

Le musée du passé : un voyage à Beamish dans la Grande-Bretagne des années 1950

Dans le comté de Durham, à Stanley, Beamish – The Living Museum of the North occupe 350 acres (140 ha) de collines et de plaines reconstituées. Ce musée en plein air n’expose pas seulement des objets : il plonge le visiteur dans plusieurs époques de la vie britannique, de 1820 à la décennie 1950, en passant par l’époque édouardienne (vers 1900) et les années 1940.

Musée, Tourisme culturel, Anthropologie et ethnographie

Périodes couvertes :

1820 (village de Pockerley)

Époque édouardienne (~1900)

Années 1940 (ferme rurale)

Années 1950 (nouveau quartier)

Une journée ordinaire en 1955

Imaginez-vous, par un matin frais de 1955, passer sous l’arche de brique rouge de la « 1950s Town ». L’air porte encore l’odeur du charbon et du pain chaud. Des enfants jouent à la marelle, pulls tricotés main et pantalons courts ; les femmes, tablier noué à la taille, échangent des ragots sur la levée du rationnement : en mai 1954 pour la viande, en février 1953 pour le sucre, et enfin le thé a suivi en 1954.

Dans une cuisine typique, la radio BBC diffuse les dernières nouvelles. Une bouilloire sifflante repose sur un poêle à charbon, une table en Formica trône au centre, et des tasses fleuries attendent un thé accompagné de scones faits maison.

Le quotidien des familles

Travail : dans le Nord-Est, mines de charbon et sidérurgie rythment la vie économique, tandis que le textile prospérait davantage dans le Lancashire et le Yorkshire. Les hommes partent à l’aube, reviennent fourbus, mais l’entraide entre voisins reste forte.

École : cartable en cuir, discipline stricte ; les filles apprennent la couture, les garçons la menuiserie et la mécanique.

Loisirs : le samedi soir, toute la famille se serre autour d’un poste de télévision noir et blanc ; au cinéma, on applaudit les films américains et les actualités Pathé.

Remaking Beamish : reconstituer les années 1950

Lancé officiellement en 2017 après plusieurs années de préparation, le projet « Remaking Beamish » représente le plus grand chantier de l’histoire du musée, pour un coût total dépassant 20 M£. Plus de 32 000 habitants ont participé, 14 338 écoliers ont étudié le projet, et 35 000 heures de bénévolat ont permis d’ériger 31 nouveaux bâtiments : la « 1950s Town », des « Aged Miners’ Homes » et bien d’autres décors fidèles.

Pourquoi ce musée a-t-il remporté le prix ?

Le 26 juin 2025, Beamish reçoit le Art Fund Museum of the Year (120 000 £), remis au Museum of Liverpool. Le jury – Jenny Waldman (Art Fund), Rana Begum (artiste), Dr David Dibosa (Tate), Jane Richardson (Amgueddfa Cymru) et Phil Wang (humoriste) – a salué :

l’immersion totale grâce aux costumes et objets manipulables,

le tramway et le bus d’époque en circulation,

la capacité à toucher toutes les générations.

Fonctionnement et vocation

Beamish est un musée associatif, 96 % autofinancé et soutenu par cinq conseils locaux. Chaque année, il accueille 40 000 scolaires dans le cadre de programmes pédagogiques, collabore avec les universités de Durham et York, et forme aux métiers traditionnels : forgeron, plâtrier, mécanicien de locomotive.

Pour aller plus loin

Architecture vernaculaire transloquée pierre par pierre,

Préservation de races animales locales rares (porc blanc du Yorkshire, mouton de Teeswater),

Mécanique du puits de mine en action, vestiges sonores inclus,

Conservation du patrimoine immatériel : dialectes locaux, musiques et danses populaires.

En franchissant les portes de Beamish, on ne visite pas un simple musée : on entre dans un fragment de réalité passée, où la solidarité, l’ingéniosité et la résilience d’après-guerre reprennent vie sous nos yeux.

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