Napoléon Bonaparte et Joseph Fouché sont deux figures majeures de l’histoire de la France au tournant du XIXᵉ siècle. Leur destin se croise de façon spectaculaire lors de l’attentat de la rue Saint-Nicaise, un événement qui faillit bouleverser l’histoire du pays. Cet attentat, orchestré par un petit groupe de royalistes issus des milieux chouans, illustre les tensions politiques de l’époque et la fragilité du pouvoir consulaire.
Napoléon Bonaparte : un pouvoir menacé
Né en 1769 à Ajaccio, Napoléon Bonaparte s’impose rapidement comme un chef militaire exceptionnel. Après le coup d’État du 18 Brumaire (1799), il devient Premier Consul et instaure un régime autoritaire centralisé, marquant la fin de la période révolutionnaire. Son gouvernement modernise l’administration, crée la Banque de France et fait adopter le Code civil, des réformes qui marquent durablement les institutions françaises.
Malgré sa popularité, Napoléon doit faire face à des oppositions persistantes, notamment de la part des jacobins et des royalistes. Ces derniers, espérant restaurer la monarchie, cherchent à le renverser par tous les moyens, y compris par l’assassinat.
Joseph Fouché : maître de l’ombre et des intrigues
Joseph Fouché, né en 1759 près de Nantes, est un homme politique habile, souvent décrit comme intelligent mais opportuniste. Ministre de la Police sous le Directoire et le Consulat, il excelle dans la surveillance et la répression des opposants. Fouché sait manipuler les réseaux politiques et naviguer entre les régimes pour préserver son pouvoir. Son ministère est redouté pour son efficacité à déjouer les complots contre le gouvernement.
L’attentat de la rue Saint-Nicaise : la machine infernale
Le 24 décembre 1800, alors que Napoléon Bonaparte se rend à l’Opéra, une violente explosion secoue la rue Saint-Nicaise, près du Louvre à Paris. Il s’agit d’une tentative d’assassinat connue sous le nom de « conspiration de la machine infernale ».
Dans un premier temps, l’enquête menée par Fouché s’oriente vers les milieux jacobins, adversaires politiques du Premier Consul. Plusieurs suspects sont arrêtés et la répression s’abat sur eux, souvent sur la base de soupçons erronés. Cependant, il apparaît rapidement que les véritables instigateurs de l’attentat sont des royalistes, agissant en petit groupe, issus des milieux chouans, mais sans que l’ensemble du mouvement chouan ne soit impliqué. Les principaux auteurs, Saint-Réjant, Limoëlan et Carbon, sont liés à la chouannerie et à la cause royaliste, mais ils agissent de façon isolée, sans mobilisation massive des insurgés bretons et vendéens.
Si Napoléon sort indemne de l’attaque, l’explosion fait 22 morts et de nombreux blessés, détruisant plusieurs maisons du quartier. Cet événement renforce la nécessité, pour le régime, d’intensifier la surveillance et la répression contre ses ennemis.
Fouché et Napoléon : une relation complexe
L’attentat de la rue Saint-Nicaise accentue la méfiance entre Napoléon et Fouché. Le Premier Consul critique la gestion initiale de l’affaire par Fouché, dont la position devient fragile. Toutefois, Fouché n’est pas officiellement démis de ses fonctions ; il demeure une figure incontournable du régime et retrouve rapidement son influence, notamment en renforçant son contrôle sur les services de renseignement.
Cet équilibre fragile entre collaboration et défiance caractérise leur relation tout au long du Consulat et de l’Empire.
Conséquences et héritage
L’attentat de la rue Saint-Nicaise marque un tournant dans la politique intérieure de la France. Il permet à Napoléon de justifier un durcissement du régime et de renforcer la surveillance policière. La répression s’intensifie d’abord contre les jacobins, accusés à tort, puis contre les royalistes et les chouans impliqués dans l’attentat.
Quant à Joseph Fouché, il assoit sa réputation de maître de la police politique en déjouant de nombreux complots et en consolidant son emprise sur la sécurité intérieure. Cet épisode illustre la fragilité du pouvoir et la violence des luttes politiques à l’aube du XIXᵉ siècle.

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