Leah, Margaret et Kate Fox : Les Fondatrices du Spiritisme Moderne
Leah Fox (1813-1890), Margaret Fox (1833-1893) et Kate Fox (1837-1892) sont considérées comme les fondatrices du spiritisme moderne, un phénomène social qui a marqué le XIXe siècle. En 1848, dans la maison familiale de Hydesville, dans l’État de New York, les plus jeunes sœurs, Margaret et Kate, affirment être entrées en contact avec l’esprit d’un colporteur assassiné dans leur maison, qu’elles surnomment « Mr. Splitfoot », une référence au diable dans certaines croyances. Après avoir entendu des coups mystérieux en réponse à leurs questions, elles instaurent un rituel de communication : un coup pour « oui », deux coups pour « non ». Ce simple échange est à l’origine d’un mouvement international.
L’essor du spiritisme
Le phénomène prend rapidement de l’ampleur. Leah, la sœur aînée, bien qu’absente lors des premières manifestations, comprend vite l’intérêt du phénomène. Elle rejoint alors ses sœurs pour organiser et médiatiser des séances de communication avec les esprits, contribuant à leur notoriété. En quelques années, les trois sœurs se font connaître et organisent des manifestations dans les grandes villes américaines. Le public est fasciné, et les séances des sœurs Fox attirent les foules.
Le mouvement spiritualiste se répand comme une traînée de poudre et gagne des millions d’adeptes. Selon les sources, on estime à plusieurs millions le nombre de personnes intéressées par le spiritisme aux États-Unis au milieu du XIXe siècle, bien que les chiffres précis varient. Parmi les croyants, on compte des personnalités telles que Victor Hugo, qui a tenu des séances spirites durant son exil sur l’île de Guernesey, et Arthur Conan Doyle, devenu l’un des plus ardents défenseurs du spiritisme, même si aucun d’eux n’a rencontré les sœurs Fox directement.
Le spiritisme n’était pas seulement une forme de divertissement, mais aussi une source de réconfort pour les personnes endeuillées dans un siècle marqué par la guerre, la maladie et les décès prématurés.
La révélation du canular
En 1888, cependant, ce mystère connaît un tournant spectaculaire. Margaret Fox déclare publiquement qu’il s’agit d’un canular. Lors d’une conférence à New York, elle révèle la méthode utilisée par les sœurs pour créer les fameux coups : elles produisaient ces bruits en faisant craquer les articulations de leurs pieds, un tour de passe-passe qui avait trompé des milliers de personnes pendant des décennies.
Cependant, sous la pression du mouvement spiritualiste et pour des raisons financières, Margaret tente de revenir sur sa confession en 1889, mais le mal était fait. Leur réputation était déjà ruinée, et cet aveu suivi d’un revirement a choqué le public. Pourtant, certains adeptes du spiritisme ont continué à croire aux pouvoirs surnaturels des sœurs.
L’héritage du spiritisme
Malgré la révélation de cette fraude, le spiritisme n’a pas disparu. Le mouvement est resté actif après la fin du XIXe siècle, en particulier entre les deux guerres mondiales, lorsque la recherche de réconfort face à la mort est devenue une nécessité pour de nombreuses personnes.
L’histoire des sœurs Fox montre non seulement l’aspiration humaine à l’inconnu et au mystère, mais aussi la fragilité de la vérité face aux espoirs et aux aspirations collectives. Qu’elles soient vraies ou fausses, les séances de spiritisme ont laissé une trace durable dans l’histoire culturelle du XIXe siècle.
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