Frans Post (1612-1680) occupe une place unique dans l’histoire de la peinture occidentale. Né à Leyde, aux Pays-Bas, dans une famille d’artistes – son père Jan était peintre de vitraux et son frère Pieter, architecte et peintre – Frans Post s’impose comme l’un des premiers paysagistes du Siècle d’or néerlandais à s’aventurer hors d’Europe pour explorer de nouveaux horizons.
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| Portrait de Frans Post par Frans Hals (c. 1655, Worcester Art Museum). |
Un voyage qui change tout
En 1637, à l’âge de 25 ans, il rejoint l’expédition de Jean Maurice de Nassau-Siegen au Brésil, alors colonie hollandaise. Ce séjour de sept ans (1637-1644) marque un tournant décisif dans sa carrière. Aux côtés d’autres artistes et scientifiques, Post est chargé de documenter les paysages, la faune et la flore de cette terre encore inconnue du public européen.
Installé à Recife, il réalise sur place plusieurs vues du Brésil, capturant la lumière, la végétation tropicale, les animaux exotiques et la vie quotidienne de la colonie. Ses œuvres se distinguent par leur fidélité d’observation, mais aussi par une part d’imagination qui répond au goût de l’époque pour l’exotisme.
Un témoin précieux de l’histoire coloniale
De retour à Haarlem en 1644, Post continue de peindre le Brésil à partir de ses croquis et souvenirs. Il produira près de 150 tableaux sur ce thème selon certaines sources, même si le chiffre exact varie. Il est certain qu’une série de ses œuvres a été offerte à Louis XIV en 1679, témoignage de la reconnaissance internationale de son travail. Ses paysages, lumineux et précis, sont appréciés tant pour leur valeur artistique qu’ethnographique : ils offrent un témoignage rare sur l’Amérique du Sud du XVIIe siècle, mettant en scène plantations de canne à sucre, ruines d’églises, travailleurs africains et animaux typiques comme le fourmilier ou l’iguane.
Un style entre réalisme et imaginaire
Les œuvres de Frans Post se caractérisent par de vastes ciels, des horizons bas, une végétation luxuriante et un sens aigu du détail. S’il s’inspire de la réalité, il n’hésite pas à recomposer ses paysages pour les rendre plus spectaculaires ou séduisants aux yeux des collectionneurs européens. Cette hybridation entre observation et invention fait de lui un véritable « interprète du Brésil ».
Une reconnaissance tardive
Longtemps, Frans Post a été sous-estimé par rapport à son collègue Albert Eckhout, dont les œuvres ethnographiques étaient jugées plus « exotiques ». Cependant, ses tableaux, aujourd’hui exposés dans les plus grands musées et lors d’expositions internationales, témoignent de la rencontre entre l’Europe et le Nouveau Monde. Ils invitent à réfléchir sur la représentation de l’autre, la construction de l’exotisme et l’histoire coloniale.
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