Felice Orsini, un combattant de l’indépendance italienne

Felice Orsini (1819-1858) demeure l’une des figures les plus marquantes du Risorgimento, le mouvement d’unification italienne du XIXᵉ siècle. Révolutionnaire passionné, il s’est illustré par son engagement sans faille pour la liberté de l’Italie, jusqu’à devenir un symbole pour toute une génération de patriotes.

Jeunesse et engagement précoce

Né à Meldola, près de Forlì en Émilie-Romagne, dans une famille acquise aux idéaux révolutionnaires - son père ayant été carbonaro (1) et officier napoléonien — Orsini s’oriente très tôt vers la lutte politique. Après des études de droit à l’université de Bologne, il rejoint à 18 ans la société secrète Jeune Italie, fondée par Giuseppe Mazzini, qui prône l’unité et la république pour la péninsule italienne.

Un acteur du Risorgimento

Orsini participe activement aux soulèvements de 1844 en Romagne, ce qui lui vaut d’être arrêté avec son père et condamné aux galères à vie. Gracié par le pape Pie IX, il reprend aussitôt ses activités révolutionnaires et devient l’un des principaux adjoints de Mazzini. En 1848, il combat lors de la Première Guerre d’indépendance italienne contre l’Autriche et se distingue à Mestre. Élu député lors de la brève République romaine de 1849, il participe à la défense de Rome contre les troupes françaises venues rétablir le pouvoir du pape, aux côtés de Garibaldi.

Après la chute de la République, Orsini s’exile, mais ne renonce jamais à la cause italienne. Il tente à plusieurs reprises de fomenter des insurrections et s’engage dans des missions secrètes, notamment en Hongrie, d’où il s’évade spectaculairement après avoir été emprisonné par les Autrichiens.

Lithographie Ballagny, Felice Orsini

La rupture avec Mazzini et l’attentat contre Napoléon III

Au fil des années, Orsini prend ses distances avec Mazzini, dont il critique la vision religieuse et l’inefficacité des stratégies insurrectionnelles. Convaincu que l’empereur français Napoléon III est le principal obstacle à l’unification italienne — en raison de l’intervention française contre la République romaine en 1849 — Orsini décide de passer à l’action directe.

En 1858, il organise un attentat à la bombe contre Napoléon III à Paris, avec l’aide de plusieurs complices. L’attaque, perpétrée le 14 janvier devant l’Opéra de la rue Le Peletier, fait huit morts et plus de 140 blessés, mais l’empereur et l’impératrice Eugénie en réchappent indemnes grâce à la protection de leur carrosse. Orsini est arrêté, jugé et condamné à mort.

Un martyr pour la cause italienne

Durant son procès très médiatisé, Orsini assume pleinement son acte, le présentant comme un geste politique en faveur de l’indépendance italienne. Avant son exécution le 13 mars 1858, il adresse deux lettres à Napoléon III, l’exhortant à soutenir la cause italienne. Sa mort, vécue comme un martyre, galvanise la jeunesse du Risorgimento et contribue à sensibiliser l’opinion européenne à la question de l’unité italienne.

Héritage

Si l’attentat d’Orsini n’a pas atteint son objectif immédiat, il a eu un impact politique majeur. Il a précipité le durcissement du régime impérial en France, mais a aussi, paradoxalement, contribué à rapprocher Napoléon III de la cause italienne, prélude à l’alliance franco-sarde et à la guerre contre l’Autriche qui permettra l’unification progressive de l’Italie.

Felice Orsini incarne ainsi la figure du révolutionnaire prêt à tout sacrifier pour la liberté de sa patrie, un homme dont l’audace et la détermination ont marqué l’histoire du combat pour l’indépendance italienne.


(1) Un carbonaro était un partisan du carbonarisme, un mouvement secret et révolutionnaire apparu en Italie au début du XIXe siècle. Ce mouvement s'opposait aux souverains italiens et militait pour la liberté nationale et l'unification de l'Italie.

Le terme "carbonaro" vient de l'italien et signifie "charbonnier", car le mouvement aurait été inspiré par les traditions des charbonniers qui travaillaient dans les montagnes.

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