Imaginez marcher dans le désert jordanien, sous un soleil implacable, et découvrir les vestiges d’une ville disparue depuis plus de mille ans. C’est l’incroyable aventure qu’ont vécue récemment des archéologues près d’El-‘Iraq, au sud de la mer Morte. Ils viennent de révéler au monde la redécouverte de Tharais, une cité byzantine longtemps effacée des cartes, mais jamais de la mémoire des pierres.
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Quand la mosaïque de Madaba guide les chercheurs
Ce n’est pas un hasard si Tharais a refait surface aujourd’hui. Son nom figurait déjà sur la célèbre mosaïque de Madaba, la plus ancienne carte géographique de la Terre sainte, réalisée au VIe siècle et conservée dans l’église Saint-Georges de Madaba. Cette œuvre monumentale, composée de plus de deux millions de tesselles colorées, représente 156 villes et villages, avec une précision et une richesse de détails inégalées pour l’époque : montagnes, rivières, routes, églises, tout y est indiqué pour guider les pèlerins et les voyageurs.
C’est en croisant les indications de cette mosaïque avec des recherches de terrain et l’analyse d’inscriptions antiques que l’équipe d’archéologues a pu localiser Tharais, longtemps restée une énigme. Les ruines découvertes correspondent parfaitement à la représentation de la ville sur la carte de Madaba, confirmant la fiabilité exceptionnelle de ce chef-d’œuvre byzantin.
Une basilique byzantine, cœur spirituel et commercial
Au centre de la cité, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’une basilique byzantine. Ce type d’église, avec sa nef imposante et ses colonnes, témoigne de l’importance religieuse de Tharais. Mais la ville n’était pas qu’un lieu de culte : elle se trouvait aussi à un carrefour commercial majeur, reliant Zoar au centre de la Jordanie par les routes romaines et byzantines. Les fouilles ont révélé des fragments de mosaïques, des céramiques et surtout des inscriptions funéraires en grec et en latin, preuves d’une population cosmopolite et active.
Un patrimoine menacé, une histoire à préserver
La redécouverte de Tharais n’est pas seulement un exploit archéologique : c’est un rappel saisissant de la fragilité de notre patrimoine. De nombreux sites antiques en Jordanie, riches en inscriptions et en monuments, sont aujourd’hui menacés par l’urbanisation et le temps qui passe. Chaque découverte est une victoire contre l’oubli, une invitation à explorer plus loin, à questionner notre rapport à l’histoire.
Et si la prochaine cité oubliée était sous vos pas ?
La carte de Madaba, vieille de quinze siècles, continue de livrer ses secrets. Elle a permis d’identifier des dizaines de sites bibliques et historiques, confirmant leur existence et leur localisation. Qui sait ce que révèleront les prochaines fouilles ? Le désert jordanien n’a pas fini de surprendre ceux qui osent écouter la voix des pierres et des mosaïques.
La redécouverte de Tharais nous rappelle que le passé n’est jamais tout à fait perdu : il attend, silencieux, que nous sachions le lire et le faire revivre.
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