Découverte de figurines africaines dans une sépulture chrétienne à Tel Malhata

 Des archéologues israéliens et allemands ont récemment mis au jour une découverte exceptionnelle dans le désert du Néguev, au sud d’Israël : cinq figurines vieilles de 1 500 ans, dont certaines sculptées dans un bois d’ébène rare provenant d’Inde ou du Sri Lanka, et d’autres en os. Ces artefacts ont été retrouvés dans des tombes chrétiennes datées de la fin du VIe et du début du VIIe siècle, sur le site archéologique de Tel Malhata, dans la vallée d’Arad.

Le canard, infos de France et d'ailleurs

Un contexte archéologique unique

Tel Malhata occupe une position stratégique au carrefour de deux anciennes routes commerciales majeures : l’une reliant Aila (près de la baie d’Aqaba) à Jérusalem, l’autre menant du port de Gaza à la mer Morte. Ce carrefour favorisait les échanges entre l’Asie, l’Afrique et le Proche-Orient, expliquant la présence de matériaux exotiques comme l’ébène.

Description des figurines et des tombes

Les figurines découvertes représentent des têtes et bustes humains aux traits africains marqués. Deux d’entre elles, en ébène, ont été retrouvées dans des tombes voisines : l’une appartenant à une femme âgée de 20 à 40 ans, l’autre à un enfant de 6 à 8 ans, suggérant un lien familial probable, possiblement mère et enfant. Trois autres figurines en os complètent la série. Chacune possède un trou, indiquant qu’elles étaient portées en pendentifs ou amulettes, objets personnels et intimes porteurs d’une histoire d’identité, de tradition et de mémoire.

Signification culturelle et historique

Les chercheurs estiment que ces figurines pourraient représenter des ancêtres, témoignant de traditions transmises de génération en génération, même après la conversion au christianisme. Aucun symbole chrétien n’a été trouvé sur les objets eux-mêmes, mais la position des corps (allongés sur le dos, la tête tournée vers l’ouest) atteste de rites funéraires chrétiens. D’autres objets funéraires, tels que des bijoux en bronze, des jarres d’albâtre et des récipients en verre, accompagnaient les défunts.

Une preuve de la diversité et des échanges à l’époque byzantine

Cette découverte met en lumière l’existence probable d’une communauté chrétienne d’origine africaine dans le sud de la Terre Sainte à l’époque byzantine, confirmant l’importance des échanges culturels et commerciaux entre l’Afrique, l’Asie et le Proche-Orient. Elle illustre aussi la richesse des traditions et la diversité des populations ayant traversé et habité cette région, carrefour historique de civilisations.

« Les découvertes de Tel Malḥata sont émouvantes non seulement d’un point de vue archéologique, mais aussi sur le plan humain. Elles nous rappellent que la terre d’Israël a toujours été un carrefour de cultures et de peuples : des individus sont arrivés ici, se sont intégrés à la population locale, tout en conservant les traditions et les croyances de leurs terres lointaines. » - Eli Escusido, directeur de l’Autorité israélienne des antiquités.

Cette découverte rare enrichit notre compréhension des migrations, des échanges et des pratiques funéraires dans le monde méditerranéen de l’Antiquité tardive.

Commentaires