Hamidou Ben Ali, plus connu sous le nom de Raïs Hamidou (1770-1815), est une figure incontournable de l'histoire maritime de la Méditerranée. Corsaire algérien au service de la Régence d'Alger, il s'est illustré par ses exploits audacieux contre les navires européens, devenant une légende dans la lutte pour la défense des côtes nord-africaines. Son histoire, souvent éclipsée par celle des grands explorateurs, mérite d'être redécouverte pour comprendre le contexte de la guerre maritime au tournant du XIXᵉ siècle.
Jeunesse et débuts en mer
Né en 1770 à Alger, Hamidou Ben Ali grandit dans une période marquée par l'essor de la course maritime en Méditerranée. Dès son plus jeune âge, il montre un talent exceptionnel pour la navigation et s'engage rapidement dans la marine corsaire de la Régence. Cette activité, bien que périlleuse, offrait aux marins la possibilité de gravir les échelons et de gagner prestige et fortune.
Il n'existe que peu de documents sur les débuts de Hamidou Ben Ali à la tête d'une flotte à Alger. On suppose qu'il était d'abord sous la tutelle d'un corsaire plus expérimenté, apprenant les rouages de la course maritime. Après avoir réussi l'examen organisé par la taïfa des Raïs (un conseil des capitaines corsaires d'Alger), il obtint le titre de raïs. Son premier succès notable survint peu après sa nomination, lorsqu'il guida son navire hors d'une défaite certaine face à une flotte espagnole supérieure.
En 1790, après la reconquête d'Oran, Hamidou devint chef de la marine de cette ville.
Vers 1795-1796, alors qu'il revenait d'une expédition en Italie, son navire fut pris dans une tempête près de La Calle. Le navire s'échoua contre les rochers, un incident qui aurait pu compromettre sa carrière. Ramené de force à Alger, il réussit toutefois à calmer la colère du dey. Peu après, il obtint le commandement d'une frégate construite par un charpentier espagnol établi à Alger, donnant une nouvelle dimension à ses activités maritimes.
En 1797, après la désertion d'un capitaine, le dey d'Alger récompensa Hamidou en lui confiant la corvette laissée vacante. Il enchaîna les succès, capturant des navires appartenant aux Génois, Vénitiens, Napolitains, et Grecs.
Le 8 mars 1802, il affronta un vaisseau de guerre portugais armé de 44 canons. Employant la ruse, il hissa un pavillon anglais pour tromper l'ennemi. Après s'être approché, les corsaires algériens capturèrent le navire, prenant 282 prisonniers. Ce navire portugais devint une unité importante de la flotte algérienne sous le nom de La Portugaise.
Sa renommée croissante suscita des jalousies. En 1808, le nouveau dey l'exila à Beyrouth, mais il fut rappelé en 1809.
Le corsaire de la Régence d'Alger
Raïs Hamidou n'était pas un pirate au sens traditionnel du terme. En tant que corsaire, il opérait sous l'autorité officielle du Dey d'Alger. Armé d'une lettre de marque, il avait pour mission de défendre les intérêts de la Régence en interceptant les navires marchands ennemis. Ces opérations étaient cruciales pour l'économie locale, car les rançons et les butins obtenus finançaient une grande partie des dépenses de l'État.
Au cours de sa carrière, Raïs Hamidou captura de nombreux navires européens et américains, devenant la terreur des flottes marchandes. Ses raids s'étendaient bien au-delà de la Méditerranée, atteignant parfois l'Atlantique, ce qui témoigne de son audace et de ses compétences stratégiques exceptionnelles.
Les guerres barbaresques
Les exploits de Raïs Hamidou s'inscrivent dans le cadre des Guerres barbaresques, une série de conflits opposant les États-Unis et les puissances européennes aux régences d'Alger, Tunis et Tripoli. Ces guerres avaient pour objectif de mettre fin aux activités corsaires en Méditerranée, perçues comme une menace pour le commerce international.
En 1815, lors de la Seconde Guerre barbaresque, Raïs Hamidou affronta une escadre américaine dirigée par le commodore Stephen Decatur. Lors de la bataille, il trouva la mort, marquant la fin d'une ère de domination corsaire en Méditerranée.
Conclusion
Raïs Hamidou incarne l'esprit de résistance et d'indépendance de la Régence d'Alger face aux défis de son époque. Bien plus qu'un simple corsaire, il est un symbole de courage et de patriotisme, dont les exploits continuent d'inspirer. Son histoire rappelle que, même dans les périodes troublées, des figures hors du commun peuvent émerger pour défendre les valeurs et les intérêts de leur peuple.
Les textes présentés sur ce blog sont une introduction générale visant à éveiller la curiosité des lecteurs sur des sujets passionnants.
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