Les circonstances mystérieuses de la mort de Jack London

 Cette fiction est inspirée de faits réels

Prologue

Le 22 novembre 1916, le monde littéraire est frappé par la nouvelle de la mort prématurée de Jack London, célèbre écrivain et aventurier américain, à l'âge de 40 ans. Officiellement, la cause du décès est attribuée aux suites d'un empoisonnement du sang causé par une urémie, mais des rumeurs circulent rapidement évoquant un possible suicide ou une overdose accidentelle de morphine. Face à ces zones d'ombre, l'Inspecteur Giovanni Inchiesta, réputé pour son sens aigu de l'observation et sa persévérance, est chargé de faire la lumière sur les circonstances exactes de cette disparition mystérieuse.


Chapitre 1 : Arrivée à Glen Ellen

L'inspecteur Inchiesta, un homme d'une cinquantaine d'années au regard perçant et à la moustache soigneusement taillée, pose le pied sur le sol californien un matin brumeux de décembre 1916. Originaire de Turin et dépêché spécialement pour cette affaire en raison de sa réputation internationale, il se rend directement au Ranch de la Vallée de la Lune, la propriété que Jack London affectionnait tant et où il a passé ses dernières heures.

La vaste étendue du ranch s'étale devant lui, les vignobles dénudés par l'hiver contrastant avec les collines verdoyantes. La maison principale, une bâtisse en bois élégante mais simple, semble imprégnée de la présence encore palpable de l'écrivain.

Chapitre 2 : Première inspection des lieux

Inchiesta commence par inspecter la chambre où Jack London a été retrouvé mort. La pièce est sobrement meublée, une large fenêtre offrant une vue imprenable sur les collines environnantes. Sur la table de chevet, quelques livres ouverts, un carnet de notes et une petite boîte en argent attirent son attention.

En ouvrant la boîte, il découvre des fioles de médicaments, dont certaines contiennent de la morphine, un analgésique couramment utilisé à l'époque pour soulager diverses douleurs, mais aussi connu pour ses effets addictifs et potentiellement mortels en cas de surdose.

L'inspecteur note également la présence d'une lettre inachevée sur le bureau, dont l'écriture nerveuse contraste avec le style habituellement soigné de London. Le contenu évoque des sentiments de fatigue et de désillusion, mais rien qui ne suggère explicitement des intentions suicidaires.

Chapitre 3 : Entretien avec Charmian London

La veuve de Jack, Charmian London, accueille l'inspecteur avec dignité malgré la peine évidente qui assombrit son regard. Femme élégante et cultivée, elle était non seulement l'épouse de l'écrivain mais aussi sa confidente et partenaire d'aventures.

Inchiesta : "Madame London, pouvez-vous me parler des derniers jours de votre mari ? Avait-il montré des signes particuliers de détresse ou de maladie aggravée ?"

Charmian : "Jack souffrait depuis longtemps de douleurs rénales. Les médecins lui avaient prescrit de la morphine pour l'aider à supporter la souffrance, mais il était prudent quant à son usage. Ces derniers temps, il était fatigué, certes, mais il continuait à écrire et à planifier de nouveaux projets pour le ranch. Il aimait profondément la vie."

Elle marque une pause, les yeux brillants de larmes retenues.

Charmian : "La nuit de sa mort, il s'est couché tôt après une journée passée à travailler sur ses écrits. Je l'ai retrouvé inconscient au petit matin... Nous avons appelé le médecin immédiatement, mais il était déjà trop tard."

Inchiesta remarque la sincérité dans sa voix, mais aussi une certaine réticence à évoquer des détails plus personnels. Il décide de ne pas la brusquer davantage pour le moment.

Chapitre 4 : Témoignages du personnel du ranch

L'inspecteur poursuit son enquête en interrogeant les employés du ranch. Eliza Shepard, la demi-sœur de Jack et gestionnaire du domaine, fournit des informations précieuses.

Eliza : "Jack travaillait trop dur ces derniers temps. Il était obsédé par l'idée de faire de ce ranch un modèle agricole. Ses problèmes de santé n'arrangeaient rien, mais il refusait de se reposer. Je m'inquiétais pour lui, mais il était têtu comme une mule."

Un autre employé, Hideo Murata, le cuisinier japonais de la famille, mentionne avoir vu Jack consommer plus de morphine que d'habitude les jours précédant sa mort.

Hideo : "Monsieur London avait l'air très souffrant ces derniers jours. Je lui ai apporté sa soupe préférée, mais il n'avait pas d'appétit. J'ai remarqué qu'il prenait ses médicaments plus fréquemment, peut-être pour atténuer la douleur."

Chapitre 5 : Le rapport médical

Inchiesta consulte le rapport du Dr. Ernest Porter, le médecin qui a constaté le décès de Jack London. Le rapport indique une urée élevée dans le sang, symptôme typique d'une insuffisance rénale sévère, ainsi que des traces significatives de morphine.

Le docteur est clair dans ses conclusions : la mort est due à une combinaison de l'insuffisance rénale et d'une possible overdose de morphine, sans pouvoir déterminer si celle-ci était intentionnelle ou accidentelle.

Dr. Porter : "Jack était en mauvaise santé depuis des années. Ses reins ne fonctionnaient plus correctement, et la morphine était nécessaire pour soulager ses douleurs intenses. Il est possible qu'il ait pris une dose trop élevée par inadvertance, cherchant simplement à atténuer sa souffrance."

Chapitre 6 : Les écrits personnels de Jack London

En fouillant davantage dans les affaires personnelles de London, Inchiesta découvre des journaux intimes et des correspondances qui révèlent une âme tourmentée mais aussi passionnée. Il écrit sur ses douleurs physiques, ses frustrations professionnelles, mais aussi sur son amour profond pour sa femme et sa détermination à continuer à créer et à vivre intensément.

Certaines entrées reflètent un certain désespoir, évoquant la fatigue de lutter contre la maladie et les démons intérieurs, mais aucune ne suggère explicitement une volonté de mettre fin à ses jours.

Chapitre 7 : Les spéculations et les rumeurs

En dehors du cercle proche de London, les rumeurs vont bon train. Certains journaux évoquent un suicide lié à des problèmes financiers ou à une crise existentielle. D'autres parlent d'une conspiration, évoquant des ennemis politiques en raison des positions socialistes bien connues de l'écrivain.

Inchiesta enquête sur ces pistes mais ne trouve aucune preuve substantielle pour les étayer. Les finances de London, bien que touchées par certains investissements malheureux, restaient stables grâce à ses revenus littéraires. Quant aux ennemis politiques, rien n'indique une menace directe ou une quelconque activité suspecte autour du ranch.

Chapitre 8 : Réflexions de l'inspecteur

Après des semaines d'investigation minutieuse, l'inspecteur Inchiesta se retrouve face à un puzzle complexe, aux pièces multiples et parfois contradictoires.

Il médite sur les faits recueillis : un homme souffrant depuis longtemps, utilisant la morphine pour atténuer des douleurs insupportables, mais également un esprit vif et passionné, engagé dans de nombreux projets et entouré de personnes qui l'aimaient profondément.

La possibilité d'une overdose accidentelle semble plausible, tout comme celle d'une détérioration soudaine de son état de santé. L'hypothèse du suicide n'est pas totalement écartée, mais manque de preuves concrètes pour être confirmée.

Épilogue

L'inspecteur Inchiesta rédige son rapport final en exposant toutes les informations collectées, les témoignages et les preuves matérielles, tout en soulignant les zones d'incertitude qui subsistent. Il conclut que, malgré une enquête approfondie, il est impossible de déterminer avec certitude les circonstances exactes de la mort de Jack London.

Inchiesta : "La mort de Jack London reste enveloppée de mystère, reflet peut-être de la complexité de l'homme lui-même. Aventurier dans l'âme, il a vécu intensément jusqu'à ses derniers instants, et sa disparition laisse derrière elle une énigme à la hauteur de sa légende."

Le rapport est remis aux autorités compétentes, et l'inspecteur quitte Glen Ellen avec le sentiment d'avoir honoré la mémoire de l'écrivain en cherchant la vérité, même si celle-ci demeure insaisissable.

Postface

La mort de Jack London continue, des décennies plus tard, à susciter interrogations et débats. Son héritage littéraire, lui, demeure incontestable, inspirant toujours de nouvelles générations de lecteurs et d'écrivains. L'enquête de l'Inspecteur Inchiesta, bien que n'ayant pas apporté de réponse définitive, a permis de revisiter avec respect et humanité les derniers chapitres de la vie d'un homme hors du commun.

JS



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